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Les coups de cœur

Célébration d'enfant de bois


Lundi 1er juillet, une foule multi-génération et pluri-culturelle, du type, intellectuelle, cultivée et artistique, s’était donnée rendez-vous pour une soirée qui s’annonçait solennelle avec Woodkid sur les planches du Métropolis.


Les programmateurs du Festival de Jazz ont fait un jumelage discutable avec Mozart’s Sister pour venir réchauffer la salle de notre tête d’affiche. La jeune formation est débarquée avec ses structures sonores comparables à celles de Grimes et Lesbians On Ecstasy pour leurs arrangements atypiques, tout en ayant une approche dansante et des éléments Dream-Pop pour l’aspect éthéré de certains passages plus subtils mais ô combien éphémères. Servis avec des harmonies vocales qui rappellent parfois Florence & The Machine, mais avec une intention beaucoup plus Soul et des fions à la Mariah Carey ou Beyonce, qui agaçaient plus souvent qu’autrement les tympans, tout au long de la prestation, la sauce ne prenait aucunement.

UNE CIBLE RATÉE

La prestation de la formation anglo-québécoise tombait à plat et ce, malgré toute l’énergie déployée. Les membres du groupe avaient beau se démener comme des diables dans l’eau bénite, rien n’y faisait. Les interventions inintelligibles et un peu superflues n’ont aidées en rien la cause de Mozart’s Sister en n’arrivant aucunement à retenir l’attention de l’auditoire qui semblait lentement s’impatienter avant d’accueillir Woodkid. Comme nous restions sur notre faim, à ce moment, je n’ai pu m’empêcher de fabuler à une première partie assurée par CocoRosie et surtout, à quel point cet alliage aurait pu être une expérience fantastique, oh well…


La salle était bondée et la foule fébrile à l’idée de ce que l’on allait assister. Nous pouvions bien sûr s’attendre à ces projections majestueuses et à un jeu d’éclairage dynamique. D’emblée, sur scène, nous pouvions déjà contempler les 2 postes de percussions. Les gens qui s’étaient massés au parterre du Métropolis semblaient s’arracher jalousement une parcelle du visuel de cette performance qui promettait d’être grandiose, tant par l’instrumentation et des arrangements, qu’au niveau de la mise en scène, de la part de ce nouveau prodige. Après un entracte qui m’a semblé interminable, le public commençait à trouver le temps un peu long, surtout après avoir attendu l’aboutissement de cette première partie très discutable.

LA COMMUNION

Une foule en délire a accueilli Woodkid dès son entrée en scène. Visiblement touché par ce débordement d’enthousiasme, le français Yoann Lemoine, l'homme derrière le pseudonyme, avait l’air ravi de nous livrer l’intégralité de son premier album, surtout devant un public aussi réceptif! Dès les premières notes de la prestation, il se dégageait une sorte d’atmosphère apaisante avec le ton employé par Lemoine, doté d'une approche toute en humilité et d’une sensibilité envoûtante. Outre les percussions, la section des cuivres se faisait bien présente, en plus du claviériste et d’un autre musicien à la programmation et à la batterie électronique, pour donner une richesse instrumentale sans pareille, de sorte que la section des cordes qui brillait par son absence fût vite oubliée.



La fébrilité créée par les crescendos des pièces et du visuel à grand déploiement suscite probablement l’auditeur moyen à s’ouvrir davantage à un style musical plus étoffé au niveau de l’orchestration et, franchement, personne ne s'en plaindra! Accompagné par de talentueux musiciens, l’univers sonore de Woodkid oscille entre celles de Beirut et d’Antony & the Johnsons en passant par James Blake pour l’approche plus R&B. Malgré la mélancolie omniprésente, l’énergie positive se dégage pratiquement de chacune de ses pièces qui, faut l’avouer, ne peuvent laisser personne indifférent. Ses compositions pourraient être utilisées comme bande originale d’un drame sentimental ou d'un film d'aventure épique, tellement elles sont des épopées musicales du genre cinématographique sonore. Le tout juxtaposé à l’important aspect visuel, l’ensemble fait en sorte que l’artiste se retrouve dans une classe à part. Avec tout l’apport de l’équipe technique qui se cache sous les rouages de cette prestation, ils ont réussis à subjuguer l’imposante foule comme des charmeurs de serpents.




En se faisant catalyseur de l’énergie des spectateurs, Woodkid a fait preuve d'un dynamisme insoupçonné avec une aisance marquée au niveau de ses interventions habiles et comiques, qui ont su accrocher un large sourire aux visages des gens, en allant jusqu’à faire référence à la fête du Canada pour s’amuser de notre réaction collective. Bien que je croyais assister pénard à un représentation relativement calme et apaisante, autant que poignante et planante, elle fût étrangement aussi exigeante qu'énergisante, pendant que notre palette émotionnelle en voyait de toutes les couleurs!

UN RITUEL POST-MODERNE

Avec une étonnante finale qui tourne en une grande messe tribale, pour devenir un rite transcendant fortement participatif baignant dans une surdose de lumières pour n'importe-quel épileptique et pourtant, les spectateurs survoltés en redemandaient. L'irrévérencieux pasteur des temps modernes, Woodkidmodeste d'entrée de jeu, ne s'est pas fait prier pour se transformer en bête de scène durant sa prestation. Visiblement, l'artiste et sa bande étaient un peu dépassés par la réaction déchaînée d'un public qui ne voulait tout simplement pas retourner chez-lui et qui prenait son pied du début à la fin d'une prestation où ils nous en ont donnés plein la gueule, au delà de mes espérances!

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