Rétrospective Musicale 2013 - Francophone Locale
Voici enfin mon tour d'horizon des albums québécois qui sont venus me secouer les plus l'an dernier. En souhaitant que ce chapitre V de mon bilan culturel viennent corroborer vos choix en quelque sorte ou du moins, les compléter et les rejoindre quelque part... Bonne lecture à vous et j'espère que vous allez y faire d'agréables ou de surprenantes découvertes!
VIOLETT PI – EV
L’homme
derrière le nom, Karl Gagnon, est l’un des artistes les plus déjanté de la
scène musicale québécoise à l’heure actuelle et surtout, l’un des plus
audacieux depuis un bon moment. Au sein d’une même chanson, on passe par des
élans dansants, métal, drum and bass, ça virevolte dans tous les sens sans
verser dans l’incohérence, un exploit en soit. Des textes imagés, abrasifs,
voire corrosifs par moments, qui impactent l’auditeur comme peu le font,
surtout avec la manière dont ils sont livrés. L’un des meilleurs exemples est Jeffrey Damer Au Musée D’art Contemporain,
en duo avec Ngâbo, une pièce
redoutablement accrocheuse où ils y abordent un sujet qui détonne. Bien plus
qu’un simple exercice de style, l’album Ev
de VioleTT Pi est en réaction face à la culture populaire et se veut une vraie
alternative à tout ce qui est conventionnel!
KLÔ PELGAG – L’ALCHIMIE DES MONSTRES
Acclamée
par la critique, Klô s’est retrouvée sur bien des listes des révélations de
l’année avec son premier album complet. Une poésie à la fois naïve et d’une
lucidité redoutable combinée à des arrangements à cordes et son jeu de piano
qui rappellent My Brightest Diamnond,
Tori Amos ou la pop débridée de St Vincent.
Malgré les comparaisons, la jeune artiste se démarque par son chant qui a un
débit particulier, où elle s’amuse à faire des vocalises et son univers lyrique
délicieusement unique. Les mots frappent l’imaginaire, tels des scénarios peu
reluisants, fantaisiste auquel un côté enfantin est omniprésent. Un début de
carrière fantastique et plus que prometteur!
4D + KICK & SNARE
Le
retour inespéré de 4d qui se joint à un artiste presque aussi déjanté que lui.
Dominick Lareau, l’homme derrière le nombre et la lettre, pourrait aisément
être décrit comme un genre de Bibi (et Geneviève) sur l’acide avec son style de
chant et son univers lyrique décapant. Du côté de Kick & Snare, le
mystérieux artiste caché derrière ce pseudonyme et une cassette VHS qui lui
sert de masque, est un rapper vindicatif à la plume acidulée. Ensemble, ils ont
produit un enregistrement saturé en distorsion et en poésie imagée, inspiré
avec un très haut débit de paroles. Un album scindé entre A et B, deux univers lyriques, un plus abstrait,
l’autre davantage dénonciateur, mais l’alliage n’est pas plus forcé, bien au
contraire. Les comparses ont su fondre leurs approches respectives pour donner
un album qui détonne, on ne pouvait s’attendre autrement de leur part et c’est
tant mieux. Les auditeurs à la recherche de projets qui se démarquent du lot,
vous allez êtres ravis avec celui-ci!
DAVID MARIN – LE CHOIX DE L'EMBARRAS
Poésie
servie sur une sorte de trame sonore folk-rock un peu sale pour le deuxième
effort de l’artiste qui accouche des perles en termes de réflexions sociales
d’une manière sentie et franche. Marin nous abreuve avec ses textes qui dépeignent
des paysages où l’on peut se reconnaître et s’identifier par l’universalité de
ses propos. Ses questionnements et ses tournures de phrases habiles sont
habillées par une instrumentation riche où l’on reconnaît les arrangements de
l’entourage de Karkwa, étant sur
l’étiquette de ces derniers, Simone Records, fondé par Sandy Boutin, leur
gérant et fondateur de FME en Abitibi. Le traitement sonore caractéristique
rehausse d’autant plus les profondes paroles des chansons de sorte que
l’enregistrement se hisse dans le haut de ma liste de 2013!
FORÊT
Paru
en début d’année, ce duo fait un rock éthéré atmosphérique comme c’est pas
possible, avec une touche psychédélique tout en demeurant accessible. Le ton
dramatique, très théâtral, ces mots soufflés par la douce voix d'Émilie Laforest qui donnent vie aux poèmes de Kim Doré, des
arrangements tout en douceur soigneusement ficelés et une ambiance feutrée et
intimiste qu'apporte son acolyte Joseph Marchand. Appuyés par François Lafontaine (Karkwa) à la réalisation, Robbie Kuster (Patrick Watson) aux percussions, de Guido Del Fabbro au violon et de Philippe Brault (Philippe B) à la basse le tout, mixé par le fabuleux Pierre Girard. Une collaboration avec Pierre Lapointe et la conception de la pochette créée par David Altmejd, un artiste visuel et sculpteur de talent, l'ensemble ne pouvait qu'être un gage de qualité. Quelque part entre Sigur Ros
et Mogwai, fort probablement que la
vague post-rock a une influence sur leur sonorité et on ne s’en plaint pas.
Cette pop-exploratoire aux touches légèrement psychédélique dans le traitement
sonore, où tout baigne dans une sorte de voile de mystère, est une autre parution épatante signée Simone Records. Planant et poignant à
la fois, cet enregistrement homonyme de la formation annonce le meilleur pour
la suite des événements pour le binôme!
NAVET CONFIT – LP5 THÉRAPIE
Grand
retour en force de l’artiste qui a fait paraître 3 albums (incluant LP4-La Vérité sur Noël en plus d'un Bestove) l’année dernière. Après ses déboires avec son ancienne maison de disques, c’est
bon d’être en mesure d’entendre du nouveau matériel de sa part, lui qui conçoit
toujours des bijoux pop-exploratoire aux racines rock-grunge. Jean-Philippe Fréchette est probablement l'un
des artistes les plus sous-estimé ou encore méconnu d’un plus vaste public,
malgré la reconnaissance du milieu culturel, l’intégrité de sa démarche
artistique en est possiblement la cause. Le titre de LP6-Au Moins, Quelques Personnes et/ou Compagnies et/ou Médias Prennent Encore le Risque de Promouvoir la Diversité dans L'Industrie de la Musique au Québec en 2013 OU "Si Je Vends Pas Plus Que 500 Copies J'arrête de Faire de la Musique", en dit long, alors faisons en sorte qu’il ait le goût de persister!
CARGO CULTE – LES TEMPS MODERNES
Dans
une autre vie, il était Séba sur la ligne de front de la formation rap Gatineau, aujourd’hui, Éric Brouseau s’est entouré
d'Alex McMahon, également membre du trio électro-rock Plaster et de Jean-François Lemieux (Jean Leloup, Daniel Bélanger, Pascale Picard) à la basse. Ensemble, ils forment Cargo Culte, une sorte de Rage Against the Machine ou plus précisément, One
Day As A Lion version bien de québécoise, sur La Meute, une nouvelle maison de disque. Avec son approche qui s’apparente
à Loco Locass et ses paroles qui
frappent, un ton frondeur et assumé avec un enrobage de synthés bien gras, une
batterie lourde et de la distorsion, le mélange est explosif. Ça groove grave
et c’est baveux, du sur mesure pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux!
JÉRÔME MINIÈRE – DANSE AVEC HERRI KOPTER
Lorsque
l’on parle de Herri Kopter, ceux qui
ont suivi les différentes facettes de Jérôme savent que l’on a affaire à un
retour aux machines et sa formule plus synthétique qui s’éloigne de la chanson.
C’est avec le plus grand bonheur qu’on retrouve le volet plus dansant de
l’artiste sur cet enregistrement et ses pièces qui ne manquent pas de nous
accrocher avec leurs structures qui hypnotisent et ses vers d’oreilles. Tantôt
des paroles en français, d’autres en anglais et autant instrumentales, Minière
atteint un nouveau sommet au niveau de l’équilibre et du fil conducteur sur cet
album!
ALEX NEVSKY – HIMALAYA MON AMOUR
Pour
son deuxième album de l’ancien protégé de Yann
Perreau, il a réussi à ouvrir les
portes étroites des radios commerciales avec une pop stylisée et intelligente. Je
serais peu surpris qu’il prenne la relève de Louis-Jean Cormier pour une prochaine édition de l’émission La Voix, tellement la chaîne semble
avoir adopté et que bon nombre de ses chansons ont figurées comme toile de fond
pour des publicités télévisées. Est-ce dire qu’il joue la putain pour autant au
niveau de ses créations ? Je crois que non, Alex et son équipe ont plutôt su
trouvé la faille entre l’accessible et la recherche musicale, tout en trouvant
une manière de l’exploiter à fond, maximisant ainsi l’impact. Sans réinventer
la roue, l’efficacité indéniable de ses pièces et la dynamisme de ses
prestations ont su lui faire un nom!
PIERRE LAPOINTE - PUNKT
Avec
ses innombrables collaborations, le dernier album de Pierre Lapointe est sa
création la plus éclectique jusqu’à présent! J’avais perdu un peu la foi pour
que l’artiste propose quelque chose qui allait me rejoindre, j’ai eu tort,
puisque malgré mon désenchantement à son égard, il m’a réellement surpris. Punkt est l’un de ces albums qui
prennent du temps à se laisser apprivoiser, mais l’effort en vaut amplement la
peine. Différent de tout ce qu’il a produit auparavant, beaucoup plus
audacieux, moi qui croyait qu’il devenait la caricature de lui-même, voici de
multiples facettes insoupçonnées de lui.
Riche en instrumentation, extrêmement varié, c’est un alliage bigarré de pièces
où l’on cherche à trouver un fil conducteur entre elles et c’est bien le but de
l’œuvre. Ces racines sont bien présentes parmi le lot de surprises musicales et
d’exploration entre la pop déjanté, la chanson et les explorations sonores et
ce n’est certainement pas moi qui vais s’en plaindre!
C'est ainsi que prend fin mon bilan de la musique francophone du Québec, la semaine prochaine, le chapitre VI avec le penchant anglophone canadien. En attendant, faisons l'amour à notre conduit auditif, en y insérant la meilleure musique en ville avec mon émission, tous les samedis, dès 21h30 sur les ondes de La Marge 89,3 FM! Surveillez également les Sons du Jour, publiés 5 fois semaine, sur ma page Facebook. D'ici là, continuez d'êtres comme vous êtes, ouverts d'esprits et de plus en plus épanouis!
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