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Jamme - C'est à l'extérieur que ça se passe | PLEINS FEUX

PLEINS FEUX
 
Une odyssée intérieure au croisement des genres

Entrez dans ce fascinant univers musical vaporeux, sensible et contemplatif!

Avec It’s Out There, Jamme ne se contente pas de proposer un album : il nous tend un miroir à facettes multiples, un espace de résonance intime où la musique devient terrain d’exploration identitaire, émotionnelle et esthétique. Une œuvre audacieuse et sensible, aussi raffinée dans sa production que riche dans ses intentions.

Cet artiste français a commencé le piano classique dès son jeune âge. Par la suite, il s’est ouvert au rock psychédélique et au jazz, ce qui lui a permis de forger sa propre grammaire musicale. Son parcours atypique l’a même mené à apprendre l’art exigeant d’accorder des pianos. Ce perfectionnisme transparaît dans chaque arrangement, chaque respiration de l’album. C’est dans cette quête de cohérence organique que réside une part de la magie d’It’s Out There. Tout semble avoir été patiemment sculpté, mais rien n’est forcé. L’élégance du geste y côtoie une forme de sincérité brute.

Dès les premières notes de Bad Signs, l’univers se précise. Une mélodie douce et feutrée, une basse organique, des nappes éthérées et une voix délicate et confiante qui susurre à l’oreille comme on confie un secret. L’artiste toulousain y donne le ton : celui d’une soul postmoderne, habitée de réminiscences R&B, nourrie aux textures du hip-hop, mais toujours traversée par un souffle mélodique très personnel.

Le second extrait I’m Not the One confirme ce que Bad Signs annonçait : Jamme est de ceux qui ne se fixent aucune limite stylistique, préférant les glissements d’atmosphères aux cases étroites des genres. Si le premier simple s’imposait dans une sensualité feutrée, ce second extrait mord un peu plus dans la matière sonore, osant les contrastes entre froid numérique et chaleur analogique.

La composition se construit comme un équilibre fragile entre des nappes synthétiques presque glaciales, des guitares saturées et abrasives, et la douceur des Rhodes ou des lignes de basse enveloppantes. C’est cette tension permanente – entre distance et proximité, entre brutalité contenue et tendresse assumée – qui donne à I’m Not the One sa singularité. La voix, elle, reste au centre : limpide, mélancolique, mais jamais désincarnée. Elle flotte comme une confidence lucide dans un monde désaccordé.

Dans la structure même du morceau, Jamme confirme son habileté à sculpter l’espace. Chaque son trouve sa place, chaque silence est pesé. Le morceau laisse entendre qu’il pourrait exploser, mais choisit l’introspection. Une élégance dans la retenue qui en dit long sur le niveau de maîtrise atteint par l’artiste.

En somme, I’m Not the One est un autre pan du prisme It’s Out There. Il se montre plus frontal, peut-être plus tourmenté, mais tout aussi immersif. Et surtout, il enrichit l’album à venir d’une profondeur supplémentaire, promettant un disque à l’image de son auteur : complexe, libre, et foncièrement sincère.

Sur son plus récent extrait, intitulé I Don't Mind, une ambiance de début de soirée émane de ce titre, qui plonge les songes dans un délicieux état second. Le lâcher-prise est brillamment abordé avec cette chanson qui sied à merveille les élans de contemplation bien de saison.

L'interprétation vocale masculine empreinte d'une mystérieuse sensualité amplifie l'envoûtement grâce à un traitement sonore aérien. Les arrangements touffus de cette création doucement funky captive tout autant l'attention que son irréprochable qualité de production.

Tout au long des onze morceaux qui composent l’opus, Jamme multiplie les allers-retours entre introspection et envolées instrumentales, entre ballades nocturnes et éclats de lumière plus rock. On pense parfois à James Blake, parfois à D’Angelo, à Radiohead ou même Frank Ocean. On pense parfois à James Blake, parfois à D’Angelo, à Radiohead ou même Frank Ocean, mais toujours avec l’impression de se trouver dans un territoire vierge, non balisé, où chaque détour raconte quelque chose d’unique.

Côté production, l’album a été intégralement enregistré, mixé et produit par Jamme lui-même, avant d’être masterisé par l’illustre Lewis Hopkin (Stardelta), reconnu pour son travail léché et exigeant. Les visuels, captés par le regard cinématographique de Benoît Matharan, viennent ancrer l’œuvre dans une esthétique cohérente, sombre et poétique.

🔸 Pièces recommandées : Rêve bizarre, Inner Pain et Wake Up.

Le verdict? It’s Out There est un premier album qui ne cherche pas à plaire, mais à dire. Et c’est précisément ce qui le rend si attachant. Une œuvre lucide et vibrante, où l’intime devient universel. Jamme ne signe pas seulement un disque prometteur : il affirme une voix, un style, une vision. Et on a très envie de le suivre, encore longtemps.

📅 Sortie officielle : 6 juin 2025 sur toutes les plateformes.

🎧 À écouter attentivement, le casque vissé sur les oreilles, le cœur grand ouvert.

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