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Les coups de cœur

Tim Hecker | Dissonances Magistrales


La Place des Arts attire une foule considérable en cette radieuse en fin de journée d'un mercredi qui s'annonce extraordinaire. La fébrilité était dans l'air à l'idée de l'expérience qui attendait les spectateurs de cet événement visiblement très attendu. Bien plus d'une heure avant l'heure du spectacle au Théâtre Maisonneuve, une imposante file de gens font attendent pour attraper ce véritable phénomène pour la représentation avec son Konoyo Ensemble.


L'artiste canadien était venu présenter le fruit de ses deux plus récent album, soit Anoyo et Konoyo, entouré de musiciens japonais. Pour ce grand maître de la saturation, même  Alain Mongeau, grand-manitou de Mutek, était là pour l'occasion. Dès les premiers instant, l'auditoire est happé par un mur de son d'une rare amplitude. Par chance que ce sont des places assises dans la salle, puisque ces vagues sonores en aurait bien foudroyés quelques-uns !


Côté scénique, aucune projections, qu'un immense nuage de glace sèche et un jeu de lumière sobre et on ne peut plus efficace venaient soutenir les musiciens. L'arsenal technique du Théâtre Maisonneuve a rarement été utilisé à aussi bon escient. Avec cet ensemble, Tim Hecker a produit des vagues sonores parfois subtiles et innocentes, parfois immenses et rugissantes, tout près de la saturation avant de retomber momentanément tel un avion de ligne dans une poche d'air. Ces viscérales fabrications musicales ne peuvent faire autrement que de déstabiliser, captiver et secouer, autant physiquement qu'émotionnellement quiconque les entends.


L'artiste avait convié son public à une sorte de basse messe, baignés dans cette atmosphère solennelle d'une rare intensité, pour littéralement vibrer de l'intérieur. Les décibels et les basses fréquences étaient telles qu'elles ont fait vibrer les os jusqu'à la moelle et même pratiquement faire saigner de nez ! Similairement à l'événement Drone  Activity In Progress, présenté il y a quelques années par le Red Bull Music Academy pour ce spectacles olfactif mémorable, couchés dans l'épaisse brume et l'obscurité.





















De cette prestation tout simplement saisissante, près d'une heure s'était écoulée sans même s'en apercevoir ou d'en avoir les oreilles en choux-fleurs. Sans bourdonnement ni fatigue auditive, ceci relève tout de même de l'exploit pour un concert d'une telle magnitude. Sidérés de ressortir de ce voile de sons stridents, de bruits et de brume, l'auditoire a du retrouver son chemin vers la réalité.


Méditations Synthétiques



Kazuya Nagaya, seul sur scène assis sur les planches avec son ordinateur portable, entouré micros pour de ses bols tibétains, il est clair que cette première partie allait mettre la table pour ce qui allait suivre ! Ses nappes sonores se retrouvent quelque part entre la musique Nouvel-Âge réinventée tout en évitant les clichés habituellement associés en genre (donc, sans les sons d'eau et les chants d'oiseau), le minimalisme mélodique de Nils Frahm et l'ambiant à la façon de Murcof.


La spatialisation de ses bols chantants était particulièrement réussie, avec l'artiste qui tournait autour de ceux-ci dans une sorte de chorégraphie que lui seul connaissait la clé. Une approche musicale drone, particulièrement méditative, qui on le devinait, était grandement ressourçante et apaisante. Exactement ce dont le public de Tim Hecker avait besoin pour en faire une soirée de fin d'été absolument mémorable !

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