Rétrospective musicale de 2013 - Anglophone Canadienne
Chapitre VI dans la série d'articles sur le bilan musical de l'année, celui-ci porte sur la musique anglo-saxonne de grand pays rempli de talent. Une sélection diversifiée, voire éclectique, où l'on en retrouve pratiquement pour tous les goûts. Du rock-psychédélique, en passant pour le a pop synthétique, autant par l'électronica et le R&B. Comme vous pourrez le constater, ces choix couvrent un large éventail pour mieux vous surprendre à chaque détour. En vous souhaitant une lecture qui saura vous stimuler et vous épater!
BRAIDS – FLOURISH / PERISH
L’ancien
quatuor de Calgary, maintenant devenu un trio après le départ de Katie Lee pour
des différents artistiques, possiblement causés par un conflit de personnalité
entre elle et Raphaelle Standell-Preston, chanteuse et parolière de la
formation montréalaise adoptive. Après leur excellent premier album Native Speaker et une aventure un duo
avec le projet Blue Hawaii, nous
étions nombreux à se demander si Braids
allait être à la hauteur des exigences pour une deuxième œuvre.
L’atmosphère encore plus planante que
jamais, à la fois ambiante et extrêmement texturée, le traitement sonore éthéré
qui devient la signature du groupe et ces vocalises, malgré la perte d’une
voix, on ne s’en ressent pas trop, tellement que Standell-Preston assure de ce
côté. Certainement un des albums attendu avec la plus grande fébrilité l’an
dernier et celui qui s’est retrouvé le plus souvent dans mes oreilles!
SUUNS – IMAGES DU FUTUR
Cet
album marque un grand retour de la formation rock-psychédélique montréalaise,
visiblement plus inspirée que jamais. Après Zeroes
QC un premier album convainquant paru en 2010, la bande revient avec un
véritable tour de force sur ce deuxième effort. Des élans expérimentaux et des
éléments très accrocheurs y sont omniprésents, avec un traitement sonore à la
hauteur de leurs structures musicales atypiques et la voix de Ben Shemie encore plus
envoûtante et convaincante qu’avant. Sans se faire hermétique, il faut avoir un
certain goût ou du moins une oreille acclimatée à ce genre plutôt exploratoire.
Images du Futur est un enregistrement
que l’on n’écoute pas nécessairement tous les jours par son ambiance très
prenante, mais on y gagne définitivement à y revenir sporadiquement.
THE BESNARD LAKES - UNTIL IN EXCESS, IMPERCEPTIBLE UFO
Plus
planant que jamais, le couple Jace Lasek et Olga Gorea et compagnie, sont au
sommet de leur forme avec cet album vaporeux et mélodique. Les guitares
éthérées rappellent parfois celles de la formation Sigur Ros, les structures progressives font échos à Pink Floyd et le tout baigne dans une
sorte de distorsion envoûtante. Entre les harmonies vocales féminines et masculines,
de vastes envolés instrumentales, ce genre de rock-atmosphérique a beau puiser
ses influences dans des groupes phares, n’empêche que la formation apporte son
lot de musicalité rafraîchissante avec une démarche créative hors singulière.
Cet album très attendu a certainement tout pour plaire en offrant bon nombre
d’évolutions et de distinctions d’avec leur son d’auparavant.
DATA ROMANCE – OTHER
Duo
de Vancouver qui fait une sorte de trip-hop avec une sonorité plus actuelle aux
penchants idm relevé et un stimulant vocal féminin. Une pop synthétique toute
en subtilités en en sensibilité, avec une approche qui se rapproche du R&B
au niveau du chant de Amy Kirkpatrick, qui se fait parfois sulfureuse sans
verser dans la caricature, piège si facile dans le domaine. L’album Other est plutôt convainquant et
agréable sans pour autant être un enregistrement renversant. Nous avions eu
droit à un maxi prometteur en 2012, la preuve en est maintenant faite que le
binôme peut créer un album complet qui se tient par lui-même.
MILOSH – JETLAG
Dans
la suite logique de la pop recherchée de Gotye,
quelque part entre le crooner de la
génération montante James Blake et
la sensibilité vocale d’Active Child
se trouve Milosh, un artiste Torontois. Un volet plus dansant aux touches définitivement plus
exploratoires est au menu tout au long de l’album Jetlag. Parfois, ses structures musicales me rappellent celles de Grimes, jusqu’à un certain point, mais
en version légèrement moins psychédéliques et définitivement plus accessibles.
Un enregistrement mature, qui gagne à être connu et qui pourrait vraiment être
radiodiffusé davantage, si seulement les radios commerciales pouvaient faire
preuve d’une plus grande ouverture en offrant une plus grande diversité
musicale à leur programmation.
MISTEUR VALAIRE – BELLEVUE
Une
de leurs productions les plus synthétiques, qui s’éloigne des racines jazz de
certains des membres de la formation sherbrookoise, résolument festive et avec
les gars de MV, on ne pouvait s’attendre autre chose de leur part! Un
traitement sonore impressionnant, même pour des bidouilleurs sonores aguerris
de leur trempe, des ritournelles accrocheuses et redoutablement efficaces sont
parsemées un peu partout sur Bellevue,
de sorte que l’on ne peut s’empêcher de retourner pour des écoutes
subséquentes. Des échantillons d’émissions de pêche – qui auront justifiées
leurs existences à mon sens – entre autres curiosités auditives s’intègrent
entre des beats et lignes de synthés
bien grasses. Une suite logique de leur parcours musical où l’on sent le groupe
en pleine maîtrise de leur art et plus mature que jamais.
MONTAG – PHASES
Non
loin de la formation allemande The
Notwist et de Stereolab – oui,
je sais, cette référence ne date pas d’hier et trahit mon âge! - se trouve Montag. Antoine Bédard, est un
gaspésien qui s’est exilé à Vancouver quelques temps pour créer ses sonorités
pop-synthétiques avec une sensibilité musicale peu commune et il est maintenant
de retour à Montréal. Les pièces de Phases,
un peu comme chacune de ses créations, oscillent entre des structures
instrumentales, des chansons pop-exploratoires aux paroles anglophones et
d’autres en français. L’album a bien failli ne jamais voir le jour, puisque
l’idée était, à la base, une série de pièces créées en collaboration avec
différents artistes et qui sortaient mensuellement au courant de l’année, bien
heureux d’en avoir une version compilée, aussi éclectique qu’elle puisse être.
CHAMPION – DEGREE ONE
Une
œuvre magistrale et étonnante de sa part, lui qui avait l’habitude de concevoir
des pièces énergiques et positives, le voici de retour avec une sonorité
beaucoup plus orchestrée avec un ton introspectif, voire dramatique. Après tout,
Maxime Morin a survécu à un cancer et j’ai l’impression qu’il voulait laisser
derrière lui une sorte de testament sonore de son passage sur Terre Je suppose
que de traverser une telle expérience n’a d’autre choix que de nous transformer
et de modifier notre regard sur notre vie avec le temps qu’il nous est alloué…
Avec son plus récent enregistrement, il se fait bien plus ambitieux que jamais
en alliant l’électro à des compositions qui s’apparentent au style classique
pour offrir une facette jusqu’alors inédite de lui. Degree One est un de ces albums qui s’apprivoisent et l’où on gagne
énormément à en faire des écoutes répétitives pour en saisir toute la
profondeur et de mieux l’apprécier à sa juste valeur.
RYAN HEMSWORTH – GUILT TRIPS
Ce
producteur de Halifax s’est vraiment établi en 2013 avec cet album cérébral à
saveur électronica aux teintes
hip-hop et se hisse parmi les meilleurs qui se font dans le genre. Plusieurs
collaborateurs sont venus lui prêter main forte, dont Baths, pour ne nommer que celui-ci. Hemsworth sait créer de la
dentelle sonore sans faire de fioritures, Guilt Trips est un enregistrement
tout en finesse où l’auditeur ne peut que se laisser transporter par ses
structures downtempo avec une bonne
base rythmique. L’artiste a fait énormément parler de lui, autant par la presse
locale, comme à la une d’Exclaim!,
autant que par des médias britannique, où sa musique semble tout indiqué pour
dénicher son public cible.
ZAKI IBRAHIM - EVERY OPPOSITE
Penchant
féminin de Saul Williams pour son R&B aux textes engagés et sa
musicalité plus recherchée que la majorité. Possiblement l’une des artistes les
plus sous-estimée de la scène canadienne anglophone… Pourtant, elle qui conçoit
des trésors sonores, toujours accessibles et avec des paroles qui insufflent de
la confiance et le positivisme tout en étant réalistes. Originale par son
style, intègre par son approche, elle a un style vocal qui rappelle Sade jusqu’à un certain point, miss
Ibrahim a conçu des pièces raffinées sur ce deuxième album. Son premier disque, Eclectica (Episodes in Purple), n’est vraiment pas à dédaigner non-plus, malgré qu’elle se soit surpassée
avec sa plus récente création. La pièce Something
in the Water à elle seule en a valu largement la peine et elle est loin
d’être l’unique pièce très forte sur cet enregistrement à mon avis! Il en aura
fallu de temps avant qu’Every Opposite
voit le jour, mais l’attente était toute sauf vaine.
C'est ce qui conclu ce pan anglophone de ma rétrospective musicale de 2013. La semaine prochaine, la suite de cette série avec mes 10 sélections hip-hop de l'année. En attendant, c'est un rendez-vous à chaque semaine sur les ondes de CISM 89,3 FM, les samedis dès 21h30, pour la diffusion de mon émission. Je vous invite également à surveiller les Sons du Jour, une publication quotidienne en semaine, sur ma page Facebook, à très bientôt!
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